Le parcours de 3 assistantes maternelles au Burkina Faso

15 Fév, 2022
assistantes maternelles au Burkina Faso

3 questions à Véronique Jenn-Treyer

En mission au Burkina Faso du 22 janvier au 8 février, Véronique Jenn-Treyer, Directrice de Planète Enfants & Développement, est allée à la rencontre de femmes que nous avons formées au métier d’assistante maternelle ces 2 dernières années.

Elle nous raconte leurs parcours et les perspectives.

Que deviennent les femmes formées au métier d’assistante maternelle en 2020 et 2021 ?

Sur les 300 femmes que nous avons formées, 250 ont obtenu un certificat reconnu par l’Etat burkinabé. C’est déjà une immense fierté pour la quasi-totalité d’entre elles qui ont décroché leur premier diplôme ! Nous nous sommes donnés pour mission cette année d’en accompagner le maximum dans la mise en place de leur propre garderie ou de les aider à trouver un emploi salarié. Une quarantaine de femmes, seules ou en groupe, ont ainsi lancé une dizaine de garderies. Je suis allée visiter 3 d’entre elles à Pabré, Saaba et Zagtouly, deux communes et un quartier en périphérie de Ouagadougou. Elles accueillent entre 11 et 22 enfants chacune.

 

Quels sont les premiers retours d’expérience sur les garderies que tu as visitées ?

Toutes les assistantes maternelles que j’ai rencontrées sont unanimes : elles répondent à un vrai besoin pour la garde des enfants. L’une d’elle m’a dit qu’une mère a réussi à décrocher un nouvel emploi en se libérant de la garde de son bébé ; qu’une autre aimerait que la garderie soit aussi ouverte le dimanche. Une assistante maternelle réfléchit même à une solution à proposer aux mères employées la nuit dans les débits de boisson à proximité et qui, faute de moyens pour faire garder leurs enfants, les font dormir sur leur lieu de travail. J’ai aussi croisé quelques parents qui m’ont rapporté laisser leurs enfants en toute confiance et beaucoup apprécier ce type de service. Tous ces retours nous confortent bel et bien dans la nécessité de développer ce mode de garde dans le pays.

 

Et quels sont les défis à relever désormais ?

Si la garderie de Pabré a la chance d’être hébergée dans une maison mise à disposition gratuitement par la mairie, ce n’est pas le cas des deux autres qui doivent payer un loyer. Toutes les dépenses additionnées, les assistantes maternelles ne se versent pas encore de salaire (les frais de garde des enfants s’élèvent à 300 FCFA pour une journée – 0,45€ – ou 7 500 FCFA pour un mois – 11,45€). C’est un enjeu fort pour ces femmes qui accueillent des petits dès 6h30 du matin pour en garder certains jusqu’à 18h30 / 19h. Notre partenaire Entrepreneurs du Monde les appuie dans la gestion du budget de leur établissement pour trouver le meilleur équilibre.
Nous devons aussi poursuivre notre plaidoyer auprès des municipalités pour qu’elles incluent le développement de la Petite Enfance dans leurs plans annuels et proposent par exemple des locaux gratuits aux assistantes maternelles.
Si j’ai noté de vrais efforts des garderies pour accueillir les enfants dans de bonnes conditions d’hygiène et de sécurité, elles doivent désormais améliorer leurs activités et équipements pour stimuler davantage les enfants. Nous allons les aider dans ce sens.
Enfin, toutes ces actions doivent faire des petits ! Pour étendre le métier dans le pays, nous recherchons par exemple des centres de formation pour qu’ils déploient la formation. Et, très important : la loi actuelle n’encadrant que les crèches qui accueillent plus de 10 enfants, nous travaillons actuellement avec le Ministère en charge de l’action sociale et de la famille burkinabé pour la définition d’un cadre légal pour les garderies. Un bel enjeu pour l’éveil des enfants et l’émancipation des femmes, dans lequel PE&D et ses partenaires ont la fierté de jouer un rôle clé.

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