Abaissement de l’instruction obligatoire à 3 ans : oui mais… ?

5 Sep, 2019

Abaissement de l'âge de l'instruction à 3 ans : oui mais ?Parmi les nouveautés instaurées par cette loi, l’abaissement de l’instruction obligatoire à 3 ans. Planète Enfants & Développement se réjouit que la petite enfance soit dans les dossiers du gouvernement ; mais s’interroge sur la mise en application de cette mesure.

L’abaissement de l’instruction obligatoire de 6 à 3 ans devrait concerner 25 000 enfants en grande partie dans les départements d’Outre-Mer. Alors qu’en métropole le taux de scolarisation des 3-5 ans est déjà de 98.9%, il est de 82% en Guyane et de 84.9% à Mayotte. Dans une moindre mesure, sont aussi concernés les enfants dont les parents privilégient les jardins d’enfants ou l’apprentissage à domicile.

Nous saluons la prise en compte de l’importance de la petite enfance en France et la volonté de réduire les inégalités dès le plus jeune âge. En effet, de nombreuses études publiées ces dernières années, notamment par des neuroscientifiques, démontrent l’importance de son entourage sur le développement de l’enfant. Un environnement peu stimulant entraîne un appauvrissement du réseau synaptique dans le cerveau de l’enfant et le sous-développement de certaines fonctions cognitives. Avant 6 ans, se posent les bases du langage, de la motricité et de la confiance en soi.

L’abaissement obligatoire doit donc augmenter le taux d’accès à l’école des 3-5 ans mais surtout renforcer le développement affectif et intellectuel de l’enfant.

Mais qu’en sera-t-il réellement ?

L’obligation porte sur l’instruction (et non la scolarisation). Les parents peuvent donc opter pour une instruction à domicile qui doit faire l’objet d’une déclaration et d’un contrôle annuel à minima par l’inspection académique. Mais les familles et les territoires concernés ont-ils les clés et les ressources pour respecter la nouvelle loi ? Précarités, craintes des familles, manque de structures et d’enseignants sont autant d’obstacles dans certains territoires français (1). La loi est-elle applicable facilement en l’état pour les 25 000 enfants recensés ?

Et au-delà de l’aspect quantitatif, la qualité de la prise en charge des enfants va-t-elle faire l’objet d’une attention particulière ? La notion d’instruction (2) obligatoire pour les 3-5 ans nous interroge : l’école maternelle est ainsi décrite comme un lieu d’instruction. Nous sommes en phase avec la préconisation de l’étude d’impact du projet de loi qui indique qu’il est important de « renforcer l’école maternelle dans sa dimension d’école de l’épanouissement et du développement affectif et social, avec un cadre sécurisant ». L’école maternelle ne doit pas devenir un CP avant l’heure où l’évaluation prévaut et au cours de laquelle les élèves apprennent à écrire, lire et compter, sans respect du rythme de développement de l’enfant et de ses singularités.

A noter que la France est le 1er pays européen à imposer l’instruction obligatoire à 3 ans. Il conviendra donc d’en étudier l’application, les impacts et les bénéfices.

Nous réaffirmons notre positionnement en faveur d’un investissement conséquent de la part des gouvernements du monde entier pour que les enfants de 0 à 6 ans puissent se développer et s’épanouir dans un environnement favorable et bénéficier des meilleurs outils pour l’avenir.

Parce que nous sommes convaincus que la stimulation des plus jeunes enfants joue un rôle prépondérant dans le développement de leur potentiel et des adultes qu’ils deviendront, Planète Enfants & Développement souhaite améliorer la prise en charge des enfants de moins de 3 ans dans ses pays d’intervention. Il s’agit ainsi de donner aux enfants, en particulier ceux issus de milieux défavorisés, les chances d’un meilleur futur.

Nos axes d’intervention en faveur de la petite enfance :

  • La création de maternelles et de crèches pour les enfants qui n’y ont pas accès. Au Burkina Faso par exemple, nous travaillons avec l’Etat à la création d’une filière d’assistantes maternelles.
  • Le développement de matériel, de jeux pédagogiques et la formation des éducateurs. Notre ambition avec l’Etat burkinabé par exemple : former l’ensemble des 721 enseignants en maternelle du pays.
  • L’éducation des parents à la stimulation, la protection et l’attention portée à leurs enfants.
  • L’étroite collaboration avec les pouvoirs publics locaux et la société civile afin que les services de la petite enfance deviennent une priorité.

Retrouvez tous nos programmes en faveur de la petite enfance sur notre site >>

Pour aller plus loin :

La loi pour une école de la confiance

> Etude d’impact du projet de loi Blanquer

> L’accès à l’école dans les milieux défavorisés :

Article du Journal La Croix : « En France, des milliers d’enfants privés d’accès à l’école » (30/04/2019)

Article de France TV Info : « L’accès à l’éducation n’est pas assuré pour tous les élèves en Guyane et à Mayotte (CNCDH) » (07/07/2017)

> Définition du mot “instruction”


5 septembre 2019

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