
Depuis plusieurs années, le Laos traverse une crise économique importante, avec une inflation extrêmement élevée qui pénalise les dépenses essentielles comme la santé et l’éducation.
Dans un contexte où la précarité et l’absence de mécanisme de protection renforcent d’autant plus la vulnérabilité des enfants, où nombre d’entre eux sont exposés aux risques de négligence, de maltraitance, de séparation familiale ou de migration dangereuse, notre projet Pegase vise à prévenir l’exploitation et les violences faites aux enfants, en particulier la traite et les abus.
Afin d’assurer un environnement plus sûr pour les enfants, nous travaillons à renforcer les structures de protection locales, à outiller les professionnels du secteur social et à accompagner les familles en grande difficulté dans 5 villages du district de Sangthong, dans la province de Vientiane.
Un enjeu majeur : le transfert de compétences
Nous avons choisi de travailler avec l’association locale GDA (Gender Development Association), reconnue pour son expertise dans les domaines du genre et de la formation. GDA travaille en coordination avec Lao Women’s Union (LWU), une agence gouvernementale qui dispose d’un réseau très dense sur le territoire et constitue un partenaire essentiel dans la mise en place de projet avec les populations.
Mais de par l’absence de formation en travail social au Laos, le recrutement même de l’équipe d’implémentation du projet au sein de GDA a représenté un challenge. Par ailleurs, les volontaires de Lao Women’s Union sont souvent issus de familles pauvres et sont parfois analphabètes.
De ce fait, nos premières activités en 2024 ont consisté à former à notre méthodologie d’accompagnement familial GDA, qui très graduellement forme à son tour les volontaires de Lao Women’s Union.

Je vois deux avantages clés émerger du projet. Tout d’abord, le renforcement des relations avec les autorités locales qui joue un rôle crucial pour assurer la durabilité du projet, avec le transfert de connaissances et de compétences. Cela permet non seulement aux autorités de mieux comprendre les défis auxquels sont confrontées les familles vulnérables, mais aussi de les doter des outils et des méthodologies nécessaires pour traiter ces questions de manière efficace et au-delà de la durée du projet.
Deuxièmement, j’ai observé que les familles ont davantage confiance en leurs propres capacités. Beaucoup d’entre elles se sentent d’abord impuissantes face à leurs difficultés. Grâce au soutien reçu, elles développent un sentiment d’autonomie, elles réalisent progressivement qu’elles sont capables de fixer des objectifs et des buts, et de les atteindre. Ce changement d’état d’esprit est essentiel, car il favorise la capacité à long terme de surmonter les difficultés.
En effet, bien que les membres de l’équipe de GDA n’avaient pas de formation spécifique, elles ont fait preuve d’une grande motivation ces derniers mois et se sont approprié le métier du travail social. Grâce à notre coaching resserré, les travailleuses sociales sont aujourd’hui capables de manipuler les outils de suivi des familles et de la méthodologie d’assistante sociale, mais aussi de former LWU sur certains aspects du projet.
Aujourd’hui, GDA accompagne 31 familles qui travaillent dans les plantations d’hévéa (l’arbre à caoutchouc) et dans les rizières, à résoudre leurs problèmes socio-économiques dans les villages laotiens. Ce nombre de familles va grossir dans les prochains mois.