J’ai rejoint Enfants & Développement (c’était le nom de l’association à l’époque) en tant que Chef de secteur, en 1991. Je travaillais sur la conception des programmes au Cambodge, au Vietnam, au Laos et j’ai ouvert un programme en Inde et à Madagascar. Je m’occupais aussi du recrutement du personnel de terrain (principalement des médecins, infirmières, assistants sociaux, gestionnaires, etc. pour des missions de 2 ans) et j’entretenais la relation avec nos bailleurs de fonds. Nous devions être 6 personnes au bureau.
C’est au Cambodge que j’ai effectué ma première visite en janvier 1991, aux côtés de Mme Danièle Cheysson, la fondatrice et Présidente de l’association.
Il faut se remettre dans le contexte : il n’y avait quasiment plus ni médecins, ni infirmières, ni institutrices et instituteurs dans le pays. Les khmers rouges avaient tué beaucoup des intellectuels, les avaient envoyés dans les champs ou ils s’étaient enfuis du pays. Les gens vivaient très modestement. Il y avait encore de nombreuses maisons traditionnelles à Phnom Penh. Je revois les habitants se déplacer à vélo, dans des vêtements traditionnels noirs. Les infrastructures étaient très précaires.
C’était avant l’arrivée des Casques bleus de l’ONU pour le maintien de la paix en 1992. Le pays était encore sous l’influence des vietnamiens et certaines parties du pays restaient contrôlées par les khmers rouges.
Je me souviens qu’il n’y avait que 3 ou 4 restaurants dans lesquels on pouvait aller en tant qu’étranger ; on ne pouvait pas sortir sans autorisation et on se déplaçait avec un interprète du Ministère de l’Intérieur. Nous étions directement reçus par les Ministres, il fallait intervenir au plus haut niveau. Nous étions une des premières ONG dans le pays. Il y avait aussi une dimension diplomatique forte, pour recréer des liens.
Nous travaillions en appui sur des programmes de l’Etat, dans les hôpitaux d’Etat. Nous effectuions principalement des formations et de la conception de curriculum. Notre priorité a d’abord été la santé pédiatrique. Puis on a commencé à travailler sur le préscolaire à Phnom Penh, dans le Centre de formation des maîtresses.
Nous avons également contribué à créer des ONG locales.
En 30 ans, le Cambodge a connu une évolution incroyable avec une forte influence de la Chine. J’ai pu le constater tout au long de mon parcours professionnel dans d’autres ONG, institut de micro-finance ou fondation ; et au contact de mon frère qui y vit.
Les écoles se sont améliorées. Une nouvelle génération de jeunes continue de se former. Ils peuvent s’informer et voyager à l’extérieur. L’entrepreneuriat et la créativité sont fortes.
Mais si une classe moyenne s’est constituée et que la pauvreté s’est fortement réduite, les écarts se sont vraiment creusés et on rencontre encore aujourd’hui une forte pauvreté.
Au fil des années, Planète Enfants & Développement a su poursuivre sa mission pour venir en aide aux enfants à travers une approche globale en éducation, santé et accompagnement de leur famille. Cette capacité à se renouveler, trouver de nouveaux partenariats, se développer dans de nouveaux pays et adapter sa stratégie aux enjeux contemporains, de plus en plus complexes, est une belle preuve de sa maturité et de son professionnalisme.