Après la réalisation d’enquêtes dans deux villes vietnamiennes pour mieux comprendre la traite des enfants dans le pays, nous fournissons actuellement des services d’assistance sociale à des familles en très grande précarité pour prévenir le travail des enfants et soutenons des enfants et adolescents qui sont victimes d’exploitation.
Mieux comprendre le phénomène de traite et le travail des enfants sur le terrain
Nous avons mené des enquêtes en mai et juin 2022 au Vietnam pour identifier les cas de traite et de travail des enfants et en comprendre les mécanismes.
A Phan Thiet, ville portuaire au sud du pays, nous avons interrogé 175 membres de familles migrantes en grande précarité. 47% d’entre elles connaissent un enfant qui a abandonné l’école pour travailler ; 26% un enfant qui travaille en parallèle de sa scolarité et 12% un enfant qui a quitté la ville pour trouver un emploi. Pourtant, ces familles ne semblent pas avoir conscience du caractère anormal de la situation.
Ces enfants occupent en grande partie des emplois dans la restauration, mais sont aussi amenés à vendre des billets de loterie, à travailler en usine ou sur les chantiers de construction.
En parallèle, depuis juin, nous rencontrons chaque nouvel enfant arrivant dans le refuge de notre partenaire CTSE – Centre de Travail Social pour l’Enfance à Ho Chi Minh Ville – pour identifier les enfants victimes ou à risque de traite afin de leur fournir un accompagnement adapté. Nous avons à ce jour rencontré 382 enfants. Ces enfants indiquent souvent avoir suivi leurs amis, migré avec leurs parents ou seuls, avant de se retrouver enfants des rues.
L’accompagnement des familles à Phan Thiet
Nous assurons actuellement le suivi social de 15 familles à Phan Thiet pour une durée de 3 à 6 mois. Il s’agit de personnes très pauvres, aux revenus très instables. Peu ou pas alphabétisés, ils gagnent leur vie au jour le jour comme pêcheurs, vendeurs de nourriture ou dans le bâtiment.
Notre objectif, les conduire à trouver des solutions aux problèmes qui les poussent souvent à sacrifier l’insouciance et la scolarisation de leurs enfants : un loyer trop cher, une perte d’emploi, une incapacité à payer des soins de santé ou des frais de scolarité, un enfant qui n’a pas de certificat de naissance, un lieu de résidence temporaire qui n’est pas enregistré …
Dans ces familles, les enfants qui travaillent ont entre 10 et 14 ans. La plupart travaillent le week-end, d’autres 2 ou 3 heures avant d’aller à l’école (car la majorité est scolarisée).
Chaque enfant de ces familles est suivi psychologiquement par un travailleur social. Les plus grands sont conseillés dans leur orientation professionnelle.
Les actions pour sensibiliser les enfants et les familles
Sur la fin de l’année 2022, nous avons organisé 2 séances de ciné-débats, avec notre partenaire CSWC, dans notre centre social de Phan Thiet. Les débats ont fait ressortir que les adultes associent la traite au trafic sexuel mais sont moins conscients de l’exploitation au travail, pour les enfants de plus de 15 ans en particulier.
Nous avons aussi organisé 5 rencontres d’information ou de développement personnel avec des groupes d’une vingtaine d’enfants sur des sujets comme les droits de l’enfants, la traite, mais aussi la conscience de soi, la communication et la gestion de ses finances personnelles.
L’insertion scolaire et sociale des adolescents victimes de traite à Ho Chi Minh Ville
Selon la réglementation vietnamienne, les jeunes accueillis au sein du CTSE à Ho Chi Minh Ville doivent quitter le refuge à leurs 16 ans. Notre travailleuse sociale Trang propose ainsi des séances d’orientation individuelle, 1 fois par mois, pour les enfants âgés de 15 ans. Ils passent aussi le test RIASEC pour définir leur profil, identifier leurs centres d’intérêts, leurs habiletés et aspirations. Trang s’appuie sur ce test pour identifier avec les jeunes des formations professionnelles.
Nous organisons en complément des sessions de sensibilisation et de développement personnel. Lors des 9 sessions de développement personnel organisées au 2e semestre 2022, les jeunes ont abordé les sujets de régulation des émotions, conscience de soi, droits et devoirs au travail, candidatures, savoir-être, etc.
Les 3 sessions de sensibilisation ont quant à elles porté sur les droits de l’enfant, la traite des êtres humains et les astuces des trafiquants pour attirer les enfants.
Nous allons donc poursuivre sur les prochains mois la sensibilisation, la formation, l’assistance sociale des familles et le suivi individuel des enfants.