Burkina Faso : Une étude met en lumière les stéréotypes de genre dans les écoles maternelles

24 Sep, 2024

Comme dans de nombreux pays à travers le monde, les inégalités de genre au Burkina Faso sont enracinées et alimentées par des stéréotypes qui se transmettent de génération en génération. Ces stéréotypes de genre sont présents dans de nombreux aspects de la vie sociale, y compris à l’école, où ils influencent les perceptions et les comportements des enfants dès leur plus jeune âge. Conscient de l’impact de ces préjugés, Planète Enfants & Développement a commandité une étude pour évaluer la présence de stéréotypes de genre dans les écoles maternelles burkinabè et proposer des pistes d’amélioration.

Principaux résultats de l’étude

Réalisée entre mars et mai 2024 dans 103 écoles maternelles, l’étude s’est concentrée sur l’analyse des outils pédagogiques, des pratiques éducatives et des attitudes des éducateurs dans 6 régions du pays. Elle a ainsi montré que de nombreux manuels et cahiers d’activités utilisés dans les écoles reproduisent certains clichés de genre. Par exemple, on peut y voir que les tâches ménagères ne sont effectuées que par les filles ou que les sports tels que le basket ou le foot sont réservés aux garçons. Les cahiers de dessin et les manuels de mathématiques contiennent entre 50% et 75% d’images et textes stéréotypés, les recueils de chants et de contes dépassent même ce seuil. À l’inverse, l’imagier Yam Wekre, nouvel outil pédagogique, et un recueil de poésies, sont totalement dénués de préjugés de genre.

Stéréotypes de genre : une jeune fille balaie la cour de l'école
Stéréotypes de genre : une mère lave son bébé

Images véhiculant des stéréotypes de genre dans le cahier de langage de la petite section.

Pas de stéréotypes de genre : fille et garçon balaient la cour de récré
Pas de stéréotypes de genre : filles et garçons nettoient la cour de récré

Imagier Yam Wekre, filles et garçons en train d’exécuter les mêmes tâches ménagères

L’étude a également souligné un manque de formation spécifique sur le genre pour les éducatrices et les éducateurs. Environ 72,3% des enseignant·e·s interrogé·e·s ont déclaré ne jamais avoir suivi de module sur ce sujet. Les initiatives concrètes pour déconstruire les stéréotypes auprès des enfants restent par ailleurs limitées.

L’impact des stéréotypes sur les enfants

Les préjugés observés dans les écoles ont un impact significatif sur le comportement et l’estime de soi des enfants. En effet, on constate que les filles s’orientent naturellement vers des jeux comme la poupée, tandis que les garçons sont plus attirés par des jouets comme les petites voitures. Cela renforce les idées préconçues sur les rôles masculins et féminins et limite les opportunités d’apprentissage égales.

L’étude a montré que les enfants intériorisent rapidement ces stéréotypes. Par exemple, la majorité des garçons déclarent mieux savoir jouer à la voiture qu’à la poupée, tandis que les filles affirment l’inverse. Cette socialisation genrée renforce les rôles traditionnels et influence ainsi les performances scolaires et sociales.

Des vecteurs de stéréotypes

Outre les ressources pédagogiques, l’étude a identifié plusieurs autres vecteurs qui perpétuent les clichés. Parmi eux, la cellule familiale, les croyances religieuses et culturelles jouent toute un rôle clé dans la transmission des préjugés. Ces influences extérieures compliquent le travail des éducateurs et éducatrices.

Vers une transformation des pratiques éducatives pour une éducation plus égalitaire

Cette étude met en évidence l’ampleur des stéréotypes de genre dans les écoles maternelles au Burkina Faso et les conséquences directes sur les enfants. Les résultats montrent qu’il est nécessaire d’agir pour transformer les pratiques éducatives, en formant les équipes enseignantes, en révisant les outils pédagogiques et en impliquant les familles dans cette lutte pour une éducation plus égalitaire. Les recommandations formulées offrent des pistes concrètes pour améliorer la situation et promouvoir une égalité réelle entre les filles et les garçons dès la petite enfance.

Cette enquête, réalisée entre mars et mai 2024, a couvert un échantillon de 103 écoles maternelles, impliquant 311 éducateurs et éducatrices, 104 responsables d’établissements et 1485 enfants. L’étude a adopté une approche mixte à la fois quantitative et qualitative, combinant plusieurs méthodes de collecte de données : recherche documentaire, entretiens individuels, focus groups et observations des pratiques en classe. 

Nos autres actualités :

Partager ceci