À l’occasion de la 9ème édition de la Semaine de la petite enfance, Véronique Jenn-Treyer, Directrice de Planète Enfants & Développement, nous parle de l’importance de prendre soin et d’éveiller les enfants dès leur naissance et du rôle de l’association dans ce domaine.
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Véronique, la Semaine de la petite enfance, c’est une semaine importante pour vous ?
En effet ! Du 19 au 26 mars, c’est la 9e édition de la Semaine Nationale de la Petite Enfance ; l’occasion de mettre un coup de projecteur sur un domaine crucial mais encore trop négligé.
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En quoi est-ce fondamental d’investir dans la Petite Enfance ?
James Heckman, Prix Nobel d’économie, l’a démontré : l’investissement dans la petite enfance est le plus rentable pour le développement d’un pays. Quand il dit qu’une puéricultrice a plus d’impact social qu’un professeur d’université, c’est fort.
Mais pourquoi ? Parce que l’étude du cerveau montre que les apprentissages commencent dès la naissance, voire avant. Nous savons que l’environnement a un impact fondamental dans le développement du cerveau des enfants, dès leurs premiers jours.
Concrètement, un enfant malnutri, qui subit ou même est témoin de violence, négligé, à qui on parle très peu a beaucoup moins de chance de développer tout son potentiel. C’est là que les inégalités commencent et qu’elles se reproduisent si personne n’intervient.
C’est pourquoi les parents en premier lieu, de même que les services de santé et d’éducation des jeunes enfants – et qui sont déterminés par les politiques publiques – jouent un rôle énorme dans le développement des enfants et celui de tout un pays.
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En quoi Planète Enfants & Développement joue-t-elle un rôle fondamental dans le développement de la Petite Enfance ?
Depuis sa création, il y a 38 ans, l’association s’est entourée de pédiatres, gynécologues, éducatrices jeunes enfants et psychologues pour que nos projets donnent aux enfants, dès leur naissance, toutes les chances de bien se développer, de réussir leur scolarité et d’être les acteurs de demain. Nous travaillons à briser le cycle de la pauvreté.
Nous cherchons à avoir des actions globales : avec nos partenaires locaux, nous renforçons les compétences parentales, nous aidons les mères victimes de violence, nous poussons les politiques publiques dans le développement de services de santé et d’éducation en plus grand nombre et surtout de qualité. Par exemple au Cambodge et au Burkina Faso, nous sommes pionniers dans la création de formations professionnelle pour la prise en charge des 0-3 ans et la création de crèches accessibles à tous. Les assistantes maternelles que nous sommes en train de former au Cambodge ont été galvanisées hier par la visite surprise du Directeur de la petite enfance au sein du Ministère de l’Education. Il leur a en effet dit qu’il comptait sur elles, car elles allaient changer l’avenir du Cambodge. C’est beau non ?
En 2022, toutes nos actions vont toucher près de 15 000 enfants, et nous comptons démarrer de nouveaux projets avec nos partenaires en Inde et au Togo.
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Une histoire, un souvenir marquant d’un enfant bénéficiaire d’un de nos projets ?
Une rencontre qui m’a beaucoup touchée : à Ouagadougou, j’ai eu la chance de prendre dans mes bras un bébé de 3 mois qui était né pendant que sa maman suivait la formation d’assistante maternelle que nous avons créée. Sa maman avait pleuré pour retourner suivre la formation avec son nourrisson d’un jour. Et quand je l’ai rencontrée, elle était assistante maternelle dans son village, fière de son diplôme et de son métier, fière de son enfant à qui elle prodiguait tous les soins qu’elle avait appris. Et moi, j’étais très fière que Planète Enfants & Développement soit à la base de la construction de cette grande histoire.
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Selon vous, est-ce que l’on donne assez d’importance à la Petite Enfance ?
Tout le monde y accorde de l’importance, personne ne contredit les conclusions des chercheurs et chercheuses dans ce domaine. Mais les moyens sont encore très insuffisants, en particulier dans les pays où nous travaillons. Nous faisons du plaidoyer pour que la petite enfance ait une part spécifique et majeure dans l’aide au développement.
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Pourquoi Planète Enfants & Développement s’est-elle investie dans la Petite Enfance ?
Il y a 40 ans, il y avait des écoles primaires mais quasiment pas d’écoles maternelles dans les pays où nous intervenons. Beaucoup d’enfants des familles pauvres avaient des difficultés pour suivre à l’école primaire. Echec scolaire, abandon, travail à 10 ans, pauvreté à nouveau…. Nous avons donc dès le début commencé à créer des écoles maternelles. Nous continuons car il y a beaucoup à faire, mais nous allons plus loin car depuis une dizaine d’années, la société a beaucoup changé dans les pays où nous sommes. Les femmes travaillent ou souhaitent travailler, les jeunes filles sont scolarisées… bref, les familles ont besoin de services pour garder leurs petits, et elles attendent qu’ils soient en sécurité et bien soignés. C’est notre nouveau défi.
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