En juin dernier, suite aux enquêtes menées avec les travailleurs sociaux de notre partenaire local CSWC, nous avons identifié 33 enfants victimes d’exploitation au travail à Phan Thiet, ville portuaire du sud du Vietnam. Depuis cet été, nous leur proposons un suivi individuel et au sein de leurs familles pour les sortir de cette situation. Voici l’histoire de 2 de ces enfants.
Tây a 15 ans. Ses parents se sont séparés quand il en avait 5. Il vit avec sa mère et sa sœur. Suite au Covid, la famille a dû contracter un prêt de 15 millions de Dong [470€] pour faire face aux besoins du quotidien ; et qu’elle continue de rembourser.
Pour soutenir le budget familial, Tây ne va plus à l’école : il travaille dans une usine de transformation de poisson, 10h par jour. Il lui arrive de travailler de nuit : de commencer à 2 ou 3 heures du matin, ou de finir à 22 heures. Son salaire varie de 75€ à 115€ par mois. Plusieurs fois malade et accidenté sur son lieu de travail, il n’a jamais été indemnisé.
Selon le Code du travail du Vietnam, un enfant de 13 ans à 15 ans non révolus ne peut effectuer que des travaux légers réglementés par la liste délivrée par le ministre du travail et des affaires sociales. La durée du travail ne doit pas dépasser 4 heures par jour ou 20 heures par semaine. Les heures supplémentaires et le travail de nuit sont interdits.
Huy a 8 ans et vit dans une fratrie de 5 enfants, avec ses parents. Son père travaille sur un bateau de pêche, ses revenus sont faibles et instables. Il boit beaucoup et néglige sa famille. Sa mère trie des déchets. Elle vend également des billets de loterie et emmène depuis toujours ses enfants avec elle. Huy et sa sœur de 11 ans restent seuls dans la rue pour vendre les billets de 13h à 16h et de 17h30 à 23h30. En situation de survie quotidienne, la famille peine à payer les frais de scolarité des enfants.
Selon le Code du travail du Vietnam, il est interdit de recruter et d’employer des enfants de moins de 13 ans, sauf pour effectuer des travaux relatifs aux arts et aux sports, à condition que ces travaux ne nuisent pas à leur développement physique, mental et de la personnalité. De plus, l’employeur doit avoir l’accord de l’agence spécialisée du travail du Comité populaire de la province.
L’objectif de notre projet est de travailler avec les acteurs locaux pour renforcer l’identification, le soutien aux enfants victimes de traite et d’exploitation et ainsi permettre leur réintégration.
En général, les travailleurs sociaux mobilisent les ressources de la communauté pour, par exemple, obtenir des bourses afin que les enfants reprennent ou poursuivent leurs études ; pour délivrer des documents administratifs (certificat de naissance, carte d’identité, etc.) indispensables pour accéder aux services publiques ou encore pour orienter les jeunes vers des centres de formation professionnelle …