Un fonds d’urgence Covid pour les familles pauvres au Vietnam
Julia Levivier, Directrice Vietnam de Planète Enfants & Développement, nous explique la crise financière dans laquelle sont plongées de nombreuses familles, comme Mme Dung, après un confinement très strict au Vietnam en 2021 et les solutions mises en place pour qu’elles sortent la tête de l’eau.
Qu’ont vécu les familles les plus vulnérables pendant le confinement de l’été 2021 ?
Pendant 3 mois, presque tous les habitants d’Hô Chi Minh Ville n’ont pas eu le droit de sortir de chez eux. La plupart des magasins, restaurants, boutiques, entreprises étaient fermés ; et presque tous nos bénéficiaires se sont retrouvés sans emploi et sans revenu.
Seuls ceux qui pouvaient être hébergés dans leur entreprise ont pu continuer à travailler. Mais beaucoup des familles que nous soutenons exercent des petits boulots indépendants comme vendeurs ambulants de boissons et nourriture, de vêtements ou de billets de loterie, aides ménagères à l’heure, peintres en bâtiment, porteurs, chauffeurs de taxi, …
Certaines familles ont emprunté de l’argent à leurs parents ou leurs amis, mais aussi à des individus malhonnêtes et dangereux qui pratiquent des taux d’intérêts indécents.
A la levée du confinement début octobre, le travail a repris normalement pour certains, d’autres se sont retrouvés au chômage. Leur entreprise a fait faillite ou a réduit son personnel. Beaucoup de mères doivent rester à la maison pour s’occuper des enfants car les jardins d’enfants, les écoles maternelles et primaires sont toujours fermés et ils n’ont pas assez d’argent pour les confier à des garderies à domicile. Certaines familles n’ont pas d’autre choix que de laisser les enfants seuls à la maison.
Beaucoup de foyers ont encore des dettes de loyer, sans compter les prix des dépenses quotidiennes comme l’eau ou l’électricité qui ont beaucoup augmenté.
Peux-tu nous raconter l’histoire de l’une de ces familles ?
Je pense à Mme Dung, ouvrière dans une usine de confection. Après trois de chômage dû au confinement, elle s’est fait licencier. En procédure de divorce, elle s’est retrouvée seule, sans revenu, avec ses deux enfants dont le plus petit a 3 ans, les trois enfants de son frère et sa mère.
Pendant le confinement, elle n’a pas eu le choix que de retarder le paiement de ses factures d’électricité et d’eau, avoir quelques dettes pour acheter de la nourriture et bénéficier de distributions alimentaires. Dès que le gouvernement a levé le confinement, elle a travaillé plus de 16 heures par jour pour un salaire d’environ 300€/mois. C’est sa mère, âgée de plus de 70 ans et handicapée par un accident de la vie, qui s’occupe des cinq enfants en journée en attendant la reprise de l’école. Ces femmes courageuses sont bouleversantes et forgent le respect.
Qu’a-t-on mis en place pour aider Mme Dung et ces familles dans le besoin ?
Grâce à nos donateurs, nous avons distribué en urgence des colis alimentaires à 286 familles entre juillet et novembre. Puis nous avons créé un fonds d’urgence avec le soutien de la Fondation Abbé Pierre.
Sur les 400 parents bénéficiant de sessions d’accompagnement à la parentalité dans le cadre de notre projet, 100 familles très vulnérables ont été sélectionnées pour recevoir une aide financière exceptionnelle et un suivi social pendant 6 mois.
Nous avons choisi de soutenir en priorité les ménages les plus pauvres, les familles migrantes et exclues des systèmes d’aide sociale locaux, les parents souffrant de maladies graves, et avec des enfants en bas âge.
Nos travailleurs sociaux ont débuté des visites à domicile dès novembre pour étudier la situation des familles. Ainsi, nous avons distribué les premières allocation fin décembre. Il s’agit de verser 5 500 000 VND (soir environ 210€) en 3 fois sur 2 mois.
Ce soutien permet de réduire la pression financière à court terme sur ces familles dans cette situation d’urgence sociale.
Il s’accompagne d’un suivi par nos travailleurs sociaux. Après la première visite réalisée entre novembre et fin janvier pour identifier les familles bénéficiaires du fonds d’urgence, notre équipe va réaliser deux visites de suivi. Après février, les 100 familles aidées dans l’urgence rentreront dans un programme d’accompagnement familial sur 6 mois pour les guider à résoudre leurs problèmes d’emploi, de santé, financier, etc.