Par Buddi Shrestha, Directeur des opérations au Népal
Voilà déjà 1 an que nous avons ouvert le centre social Pariwartan dans le quartier vivant de Thamel à Katmandou. Et quand je me retourne sur le chemin parcouru, j’éprouve une grande fierté que je veux partager avec vous.
Nous vous l’avons déjà expliqué : la plupart des jeunes femmes que nous accueillons dans le centre sont piégées dans leur travail, exploitées, souvent abusées et finalement stigmatisées. Par pudeur, l’exploitation sexuelle est rarement évoquée. Leur situation est taboue. Ces femmes se sentent invisibles.
En juin 2022 et les mois qui ont suivi, il a fallu convaincre. Trop souvent trompées, elles avaient peur de se confier et d’accorder leur confiance. Aujourd’hui, grâce aux travailleuses sociales du centre, elles sont de plus en plus nombreuses à franchir nos portes. Le bouche à oreille est efficace. En effet, Komal et Shefali se rendent sur leurs lieux de travail, pour des conseils de santé et administratifs, puis écoutent pendant de longues heures ces femmes abîmées par la vie. Quand ces dernières se décident à venir dans le centre, un véritable soutien psycho-social peut commencer, sur plusieurs mois.
Elles sont nombreuses à ne pas avoir de carte d’identité, ce qui les empêche d’avancer. Résoudre cet obstacle est une priorité. Nous travaillons avec des avocats et d’autres organisations pour chercher des solutions. La plupart ont des problèmes de santé, nous organisons des consultations médicales, des séances d’art thérapie et des réunions de prévention. Les jeunes femmes ont souvent l’occasion de participer à des réunions de groupe, ce qui renforce l’entraide et le sentiment de ne plus être seule. Enfin, nous organisons des formations pour que celles qui sont prêtes puissent changer de métier.
Et ce que nous n’avions pas prévu, c’est l’effet positif de notre travail sur les familles. Je pense à ces maris, ces oncles ou frères qui ont accepté de participer à un événement en mars dernier, aux côtés des femmes soutenues, pour évoquer les violences qu’elles subissent. Je repense à cette mère qui ne voyait pas d’autre solution que de faire employer son adolescente dans le SPA où elle exerce et qui est convaincue désormais que la place de sa fille est à l’école.
Encore merci de rendre cela possible.