Au Cambodge, les entreprises familiales et les TPE (très petites entreprises) sont des piliers de l’économie. Mais elles manquent de formation aux risques de violence, de traite ou d’exploitation qui peuvent toucher les enfants, directement ou indirectement en milieu professionnel.
C’est dans ce contexte que Planète Enfants & Développement a été choisi pour participer à un nouveau projet financé par CAPRED, un programme australien de développement économique au Cambodge.
L’objectif est simple : sensibiliser 35 entreprises partenaires de CAPRED à l’exploitation des enfants au travail et les former pour créer des environnements de travail plus sûrs et respectueux des droits des enfants en âge de travailler, dans un pays très touché par les inégalités et les violences faites aux enfants.
Comprendre les besoins avant d’agir
Avant de démarrer, notre équipe a interviewé les 35 partenaires à Phnom Penh, Takeo et Siem Reap, pour évaluer leurs besoins en formation.
« On parle ici d’entreprises familiales ou de moins de 50 personnes. Beaucoup d’entre elles ne disposent d’aucune politique de protection de l’enfance. La plupart ne connaît pas les droits des enfants, ne sait pas identifier les signes d’exploitation et d’abus, mais souhaite être formée pour mieux protéger les employés, les familles et leur entourage. », explique Stéphanie Selle, Directrice Cambodge de Planète Enfants & Développement.
À partir de ces constats, nous avons construit un programme sur-mesure :
4 sessions de formation, 70 participants (2 par entreprises), 3 provinces (Phnom Penh, Takeo et Siem Reap).
Les premières sessions démarrent dans les prochains jours.
Les participants vont apprendre à :
- Reconnaître les situations à risque : violences sur les enfants – notamment sexuelles, exploitation au travail, …
- Mettre en place des procédures internes
- Alerter et savoir agir en cas de soupçon
- Créer des environnements plus sûrs pour les enfants en âge de travailler
Un accompagnement après la formation
L’enjeu va au-delà de l’information.
Après chaque session, notre équipe accompagnera chaque entreprise à mettre réellement en place les nouvelles politiques : affichage, procédures, référents, sensibilisation des employés…
Parce que protéger les enfants, ce n’est pas un module de formation : c’est un changement de culture.
Pour un grand impact
Ce projet, qui contribue à un changement majeur de perspectives pour des centaines d’enfants et de familles à travers le Cambodge, sera suivi nous l’espérons, d’autres initiatives similaires.
Un pas de plus pour faire de la protection de l’enfance une priorité partout : dans les ateliers, les entreprises familiales et les petites structures qui font vivre le pays.

Les droits de l’enfant
La Convention relative aux droits de l’enfant, adoptée le 20 novembre 1989 par l’Assemblée générale des Nations Unis et ratifiée par 196 Etats, stipule dans son article 32 que :
« 1. Les Etats parties reconnaissent le droit de l’enfant d’être protégé contre l’exploitation économique et de n’être astreint à aucun travail comportant des risques ou susceptible de compromettre son éducation ou de nuire à sa santé ou à son développement physique, mental, spirituel, moral ou social.
2. Les Etats parties prennent des mesures législatives, administratives, sociales et éducatives pour assurer l’application du présent article. A cette fin, et compte tenu des dispositions pertinentes des autres instruments internationaux, les Etats parties, en particulier :
a) Fixent un âge minimum ou des âges minimums d’admission à l’emploi;
b) Prévoient une réglementation appropriée des horaires de travail et des conditions d’emploi;
c) Prévoient des peines ou autres sanctions appropriées pour assurer l’application effective du présent article. »
Au Cambodge, l’âge minimal requis pour travailler est de 15 ans. De 18 ans pour les travaux dangereux. La loi autorise des enfants de 12 à 15 ans à effectuer des “travaux légers”, qui ne soient ni dangereux pour leur santé, leur développement mental et physique, et qui n’affectent pas leur scolarité.
La définition de ces « travaux légers », leur durée maximale ainsi que les types d’emplois autorisés sont encadrés par arrêtés ministériels.
Le Conseil national cambodgien pour les enfants indique qu’en 2023, 11,9 % des enfants de 5-17 ans sont “engagés dans le travail des enfants”.
Le Cambodge a adopté son Plan d’action national pour la réduction du travail des enfants et l’élimination des pires formes de travail des enfants en 2016. Il prend fin en 2025. Un nouveau plan est en cours de développement.