Sabine Balima, portrait d’une assistante maternelle qui fait avancer les droits des femmes au Burkina Faso

7 Mar, 2022
Sabine, assistante maternelle au Burkina Faso

Sabine Balima est la maman du petit WendPanga. Cette femme burkinabé a dû arrêter l’école en CM2. Et pourtant, l’année dernière, elle a suivi notre formation d’assistante maternelle puis a ouvert sa crèche.

A l’occasion de la journée internationale des droits des femmes ce 8 mars, nous voulons mettre à l’honneur les femmes fortes qui, comme Sabine, prennent leur destin en main et celui des enfants du Burkina Faso.

Entretien avec Sabine Balima.

  • Bonjour Sabine, parle-nous de toi ! Ta vie n’aurait pas changé ces derniers mois ?

Je suis maman de 3 enfants, une fille et deux garçons. Je vis dans le département de Saaba au Burkina Faso. Il y a encore quelques mois, j’étais commerçante. Je vendais des produits de première nécessité. Mais j’avais de plus en plus de mal à écouler la marchandise, les fins de mois étaient difficiles. Et puis j’ai entendu parler de la formation d’assistante maternelle proposée par Planète Enfants & Développement : je l’ai suivie et j’ai obtenu mon diplôme en 2021.

Je ne suis pas allée très loin à l’école. Je n’ai pas pu passer l’examen de CM2 car je suis tombée malade. Ce diplôme d’assistante maternelle est donc mon tout premier diplôme ! J’en suis très fière, c’est une victoire pour moi.

  • Depuis, tu as créé ta crèche. Qu’est ce que ça représente pour toi ? 

Oui, j’ai créé une crèche il y a 6 mois en m’associant à une autre assistante maternelle. Ensemble, nous nous occupons quotidiennement de 11 enfants, 6 filles et 5 garçons !

Après la formation, je me suis rendu compte que les femmes autour de moi avaient du mal à trouver du travail car elles n’avaient pas les moyens de faire garder leurs enfants. Dans notre crèche, nous avons même 2 enfants dont les mamans avaient perdu leur emploi après leur accouchement. Depuis que nous accueillons leurs enfants, elles ont repris le travail. C’est une victoire pour elles comme pour nous !

Je suis aussi très fière de constater que les conseils que je donne aux mamans de mon entourage sont suivis : j’ai maintenant des connaissances qui me permettent de bien prendre soin des enfants et de participer à leur éveil.

Et c’est sans compter les encouragements de mon mari : il dit qu’il est content d’avoir une femme battante, je pense que cela a même renforcé nos relations.

  • As-tu rencontré des difficultés pour arriver jusqu’ici ? En tant que femme, a-t-il été facile de créer ton entreprise ?

Ce n’est pas facile de concilier sa vie d’épouse, de mère et d’avoir une entreprise. Nous devons effectuer les tâches ménagères et prendre bien soin de notre famille : c’est important pour que nos époux ne nous disent pas d’arrêter de travailler !

Certains maris refusent que leurs femmes travaillent. Comme ce sont eux les chefs de familles, il est préférable de les écouter au risque d’avoir toute la famille sur le dos.

Mais moi et mon associée avons de la chance : nos maris nous soutiennent dans notre projet. Même s’ils n’ont pas les moyens financiers pour nous aider, ils nous encouragent et nous conseillent énormément. Il faut dire qu’à un certain moment nous étions désespérées de ne pas trouver de local pour la crèche. Nous pensions abandonner mais ils nous ont encouragées.

Il nous a en effet fallu plusieurs mois pour trouver notre local : très souvent les propriétaires doublaient le prix lorsqu’on leur disait que l’on voulait mettre en place une crèche. 

  • Sabine, est-ce que ton projet fait évoluer les droits des femmes dans ton pays ?

Oui, c’est certain. Nous nous sommes formées, nous avons créé nos deux emplois et en gardant leurs enfants, nous permettons à d’autres femmes de continuer à travailler sans être inquiétées. En travaillant, les femmes prennent en charge leurs besoins et contribuent également à combler les besoins de toute la famille. Elles renforcent la place de la femme dans la famille et dans la société.

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