Tout a débuté à la fin des années 80 quand j’étais volontaire dans un camp de réfugiés vietnamiens aux Philippines avec ma compagne Angèle. Nous avons alors rencontré un couple qui travaillait pour Enfants & Développement (ancien nom de l’association) sur un projet de santé dans les bidonvilles de Manille et avec qui nous avons sympathisé. Quand en 1993, l’association a décidé d’ouvrir des actions au Vietnam, la présidente Danièle Cheysson a retenu notre profil. Notre qualité d’enseignants et notre expérience humanitaire avec des Vietnamiens allaient être utiles pour agir en faveur des enfants en difficulté.
Après quelques mois d’analyse des besoins dans différentes régions, nous avons lancé un projet de développement socio-éducatif des enfants défavorisés à Nha Trang. Dans cette ville côtière du sud du pays, beaucoup d’enfants étaient déscolarisés et travaillaient comme pêcheurs ou dans les champs. Nous avons mis en place un dispositif pour renforcer l’enseignement primaire et avec des classes du soir. Nous avons développé une approche basée sur le jeu et la découverte, mais aussi un volet social pour répondre aux besoins des familles, avec l’introduction du micro-crédit par exemple.
Le phénomène d’enfants des rues s’amplifiait aussi à Nha Trang. Beaucoup de familles très pauvres, qui vivaient à la campagne, déscolarisaient leurs enfants et les envoyaient en ville pour travailler. Le tourisme commençant à se développer, les chantiers de construction embauchaient, le tourisme sexuel apparaissait…Nous avons donc décidé de lancer un projet supplémentaire pour ces enfants.
J’ai adoré travailler sur ce projet jusqu’en 1996 : j’ai appris le vietnamien, je respectais énormément le sérieux, le professionnalisme et le dévouement de nos collègues et partenaires sur place. Notre approche, centrée sur l’enfant, a contribué à faire changer les façons de travailler de certains instituteurs et éducateurs, mais aussi celles des partenaires. On ne s’attachait plus à juste aider un individu mais on s’intéressait aux problèmes sociaux-économiques plus globaux qui se cachaient derrière sa situation. Pourtant, on ne travaillait pas dans un contexte facile, on touchait à une question de mœurs avec le phénomène de tourisme sexuel.
Trois ans plus tard, après mon retour en France et m’être impliqué dans le Conseil d’administration, j’ai eu l’opportunité d’occuper de nouveau un poste de Chef de secteur pour le Vietnam et le Cambodge. J’avais l’avantage de bien connaître l’association. Mon travail consistait à monter les projets et à les suivre, à assurer les recherches de financement pour chaque projet et à manager les équipes opérationnelles. Grâce à la confiance que nous avions acquise auprès des autorités locales vietnamiennes, qui reconnaissaient notre travail, nous avons pu développer d’autres activités comme un programme de développement rural centré sur les enfants et jeunes des minorités ethniques à Si Ma Cai, district limitrophe de la Chine et jusque lors fermé aux ONG étrangères.
Au Cambodge, Enfants & Développement était déjà bien établie depuis sa création au début des années 80. L’équipe était solide, des ONG locales se créaient avec des équipes khmères qui s’étaient formées. Nous travaillions déjà, à l’époque, sur le développement de la Petite Enfance. Et nous reprenions aussi la gestion d’un district de santé à Kirivong. C’est aussi à cette époque que le premier programme d’accompagnement familial a été initié.
J’ai finalement supervisé les projets et les équipes de ces 2 pays jusqu’en 2003. Puis j’ai réintégré le Conseil d’Administration pendant 3 ou 4 ans. Difficile de quitter le navire !
Après une carrière qui s’est poursuivie en tant que Directeur d’un pôle de formation sur une technopole en Haute-Savoie, je suis aujourd’hui en pré-retraite.
L’association Planète Enfants & Développement, ce sont plus de 10 années de ma vie très riches et pleines de belles rencontres et de beaux souvenirs.