 Education, formation, entrepreneuriat

 Depuis 2015 (Programme Chemins d’Enfances)

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Le contexte

Aujourd’hui en France, la crise du logement s’est aggravée. 42 000 enfants vivaient dans des hébergements d’urgence, des abris de fortunes ou dans la rue en août 2022, selon Unicef France et la Fédération des acteurs de la solidarité.

Les familles hébergées en structure d’urgence vivent dans une grande promiscuité, ce qui a des conséquences néfastes sur le développement des enfants et l’état psychologique et physique des parents.

Selon le rapport ENFAMS (Enfants et familles sans logement) de l’Observatoire du Samusocial de Paris paru en 2014, il y a 4 fois plus de troubles dépressifs chez les mères avec un parcours de rue et une forte corrélation entre l’état dépressif de la mère et le développement chez l’enfant.

Le rapport « Grandir sans chez soi » met également en lumière les conséquences de l’exclusion liée au logement sur la santé mentale des enfants : troubles du comportement, troubles de l’anxiété, dépression et troubles de l’humeur.

De ces constats, nous avons lancé en 2015 le programme Chemins d’Enfances pour permettre à chaque enfant de découvrir et exprimer son plein potentiel et d’être porteur de changement sociétal.

Le projet

Convaincus que le jeu est un vecteur puissant d’épanouissement et de développement de toutes ses compétences, nous organisons des ateliers ludoéducatifs sur les lieux de vie des enfants hébergés en structures d’urgence dans le cadre du programme Chemins d’Enfances en France.

Chaque semaine, deux animatrices et animateurs vont à la rencontre des enfants en camionnette, munis d’une malle de jeux, pour un atelier de 2 heures en Ile de France et en Gironde.

Le jeu libre

Il est nécessaire que les enfants consacrent 30 minutes de leur journée au jeu libre pour se construire sereinement. C’est pourquoi nous débutons toujours nos ateliers par un temps de jeu libre que nous construisons en nous appuyant sur le système ESAR élaboré par Denise Garon, psychopédagogue québécoise (lui-même inspiré de la théorie des stades de développement de l’enfant de Jean Piaget).

Ce système consiste à aménager l’espace ludique en 4 aires de jeux et jouets :

• Les jeux d’Exercice tels que la corde à sauter ou les échasses qui développent la motricité globale et la coordination des enfants.
• Les jeux Symboliques, jeux de rôles et de mise en scène avec des poupées ou des playmobil par exemple, à travers lesquels l’enfant va extérioriser des émotions et des traumatismes liés à son parcours migratoire, ses conditions de vie ou à des conflits courants. Il va reproduire des scènes de son quotidien afin de les appréhender pour finir par les digérer et les contrôler. Ces jeux vont aussi développer sa créativité et son imaginaire.
• Les jeux d’Assemblage, tels que des Kappla ou des puzzles, qui vont favoriser le développement de la logique et de la motricité fine. Les enfants vont ainsi apprendre la résolution de problèmes ; ce qui leur permettra par la suite de rentrer dans des apprentissages plus complexes comme les problèmes mathématiques.
• Les jeux de Règles plus communément appelés jeux de société vont permettre aux enfants d’apprendre l’anticipation et la stratégie. Ces jeux vont également faire appel à leurs compétences sociales puisqu’ils vont jouer avec les autres, apprendre à négocier et à gérer des conflits.

Cette malle de jeux a été éprouvée dans plus de 30 pays ce qui lui donne aujourd’hui un caractère universel !

L’activité thématique

Dans un contexte de précarité, les enfants sont confrontés à des difficultés émotionnelles comme l’anxiété, la tristesse ou la frustration. Pour y répondre, en complément, nous construisons des activités ludoéducatives sur mesure en fonction de la dynamique de groupe, des spécificités individuelles et des problématiques inhérentes à leur lieu de vie.

Nous mettons notamment en place des ateliers autour de la gestion des émotions et des conflits. Nous les accompagnons dans la construction de leur identité et leur sentiment de légitimité à vivre sur leur territoire.

La précarité sociale qui conduit à l’angoisse du lendemain « où va-t-on dormir cette nuit ? », « qu’est-ce qu’on va manger ? » plonge l’enfant dans l’insécurité. D’après Boris Cyrulnik, neuropsychiatre, quand l’enfant n’est pas sécurisé, que des facteurs externes à la vie de la famille et indépendants de la volonté de ses parents le privent de stabilité, son organisme produit des substances qui abiment son cerveau.
Par nos ateliers autour de la gestion des émotions, nous souhaitons justement offrir cet espace sécurisé à l’enfant en lui permettant d’exprimer ses émotions, de les comprendre et de les gérer de manière saine. Son bien-être psychologique est ainsi favorisé et renforce sa résilience face aux épreuves qu’il traverse.

L’ancrage territoriale : développer le sentiment de légitimité 

Les enfants rencontrent des difficultés à se sentir légitime sur leur territoire de vie. Un sentiment de honte les gagne également vers l’âge de 8 ans lorsqu’ils prennent conscience de leurs conditions de vie. Dans une logique d’isolement et de repli sur soi, ils ne fréquentent pas les établissements qui proposent des activités près de chez eux.

C’est pourquoi nous créons des partenariats avec les médiathèques et les centres sociaux des villes où nous intervenons. Nous réalisons des sorties culturelles afin d’initier une première rencontre et ainsi créer du lien entre les professionnels de ces structures et les enfants. L’objectif étant qu’ils puissent ensuite se rendre dans les différents lieux sans la présence de l’association.

Eprouvé dans tous les contextes depuis 15 ans (au Cambodge, en Inde et en France, dans des bidonvilles, camps de réfugiés et hébergements d’urgence tels que les hôtels sociaux), le projet Magic Place a remporté le prix de la France s’Engage ! en 2018 (Lauréat dans la catégorie Inclusion).

Il est actuellement déployé dans l’ensemble des départements d’Ile-de-France et en Gironde. Nous accompagnons chaque année plus de 500 enfants âgés de 4 à 12 ans et travaillons pendant une année scolaire minimum avec une cinquantaine d’établissements partenaires qui accueillent du public en situation de grande précarité et d’exclusion, afin d’être complémentaires du travail réalisé par les travailleurs sociaux, les éducateurs et les animateurs.